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  • 20230223 - Et c'est tout ?

    « Et alors, c’est tout ? » me demande avec insistance la petite voix dans ma tête, le récit s’arrête là ? Ou c’est une répétition de « j’ai fait ma communion, je suis débarrassée de toute obligation ? » Cherche bien au fond de toi-même, Annie… Avoue-toi les choses que tu n’oses pas regarder !

    Aurais-je pu faire fi des signes qui ont jalonné mon chemin ? Non, car tout m’y ramenait sans cesse. J’étais prisonnière d’une autre volonté, une volonté supérieure et pourtant intérieure. Quand le cœur et la tête ne sont pas sur le même diapason… Ma tête disait « pourquoi faire ? » et mon cœur avait besoin de se retrouver.

    Et un jour, ma tête a rendu les armes de ce que je croyais être mon indépendance.

    Ensuite, la question ne s’est plus posée. J’avais décidé de m’engager sur cette voie. Et j’ai commencé à découvrir un univers qui me correspondait et mon cœur a commencé à s’apaiser. Je me souviens encore de cette fois où, ayant écrit au rabbin sur des réflexions que je m’étais faites, je lisais, deux jours après, des écrits similaires dans un livre qu’il m’avait conseillé. Cela m’atteignit en profondeur. Et ainsi vinrent le plaisir et la joie de la découverte.

    Alors oui, je me suis sentie un peu perdue, soudain, après ma confirmation. Oh comme j’aurais aimé, à cette époque-là, habiter plus près de Paris et pouvoir participer de la vie de Copernic ! Soudain, je me sentais bien isolée.

    Le rabbin m’avait conseillé de me rapprocher d’une communauté proche de chez moi.

    Il n’y a pas de synagogue à Arras, je me suis donc rapprochée de celle de Lens. Et j’ai été invitée à assister au son du Shofar et au repas qui suit Yom Hakippurim. Oh comme j’étais stressée ! J’ai failli ne pas y aller. Deux jours auparavant, ma voiture était tombée en panne et je n’avais trouvé personne pour la réparer. J’en informais Sylvain, qui s’occupe de la synagogue de tout son coeur, et il insista. Mon amie Mimi me prêta sa voiture. Bien sûr, oui, j’ai conduit ce jour-là mais on fait comme on peut !

    J’ai failli me tromper de porte et arriver directement dans la synagogue où les rabbins, venus spécialement de Paris, priaient ! Heureusement quelqu’un est arrivé à temps et m’a montré la bonne entrée !

    J’ai, depuis, participé à toutes les fêtes célébrées à la synagogue. J’y vais avec grand plaisir, comme on rejoint un cocon de chaleur humaine.

    Bientôt Pourim ! Sylvain voudrait que nous venions déguisés ! Bon, je vais aller farfouiller dans mes archives vestimentaires !

  • 20230203 - Ma route vers le Judaïsme

    Me voici donc rentrée en France et je retombe entre les griffes de jp. C’est terrible, ce sentiment d’impuissance. Il m’avait coupée de tous mes amis, ne gardant que ceux dont il pouvait faire les siens. Quant à mon père, qui aimait avant tout la paix de l’esprit, il évita toujours soigneusement de me poser des questions qui auraient pu le déranger et ne chercha jamais à se mêler de ma vie. Et j’avais honte de ce que j’étais devenue, trop honte pour leur faire face. Je n’avais plus rien à voir avec la petite fille qu’ils avaient élevée.

    J’avais passé les dernières années à « détricoter » par derrière les plans tordus dans lesquels jp voulait impliquer d’autres personnes bien naïves. Il faut dire qu’il avait du charisme et il savait faire passer ses idées les plus folles en faisant rire autour de lui. Aujourd’hui, on dirait de lui que c’était un sociopathe. Finalement, là, je me trouvais utile. Je sauvais des gens. J’en avais fini par conclure que c’était peut-être ça, ma destinée, l’empêcher de nuire…

    Mais, bien sûr, à l’intérieur, je m’effondrais peu à peu. J’avais fini par céder sur certains points, reculer, puis céder sur d’autres et, à la fin, je ne me reconnaissais plus.

    Et ainsi, un jour, nous sommes partis pour l’Espagne.

    Je sentais bien que je perdais pied, je désespérais de m’en sortir mais je suivais, ne connaissant plus d’autre vie. Et, à l’intérieur de moi, je hurlais pour qu’on vienne me secourir, hurlais de toutes mes forces, de toute mon âme. Et la Vie m’a répondue. Et je me suis retrouvée face au Judaïsme. Bien sûr, maintenant, avec le recul, je sais que le Judaïsme allait apporter beaucoup de réponses à mes questions et allait me transformer jusqu’à ce que je me retrouve. Mais, à ce moment-là…

    Je suis née catholique. Je devais aller à la messe tous les dimanches et prendre des cours de catéchisme jusqu’à ma communion. Mes parents, pas du tout religieux, m’avaient promis que je ferais comme je voulais une fois ma communion faite. Et le dimanche suivant ma communion, on ne me vit pas à l’église, ni ceux d’après. Et bien contente d’être débarrassée de cette corvée.

    Ma grand-mère maternelle me confia un jour que nous étions d’origine juive. Je dis bien d’origine, car, à l’époque, je croyais que si l’on sortait du Judaïsme, on ne pouvait y revenir. Voilà l’idée que j’avais reçue. Aussi, je gardais, bien sûr, cette information dans une petite case de ma mémoire, mais n’y accordais qu’une importance anecdotique. Puisque nous étions sorties du Judaïsme, pourquoi le mentionner ? D’autre part, j’avais croisé des personnes qui, pour attirer l’attention et se donner de l’importance, disaient qu’elles étaient peut-être d’origine juive ; leur attitude m’irritait au plus haut point.

    Aussi, quand je rencontrai cet homme juif, je ne dis rien.

    Je ne connaissais rien au Judaïsme et je croyais qu’il n’y en avait qu’un, l’Orthodoxe, qui me faisait peur, et donc que, soit on était orthodoxe, soit on était sorti de la religion et on n’y accordait plus d’importance. Comme j’avais fait avec le catholicisme. J’avais bien vu qu’entre ce qui était prêché à l’église et ce qui se passait dans la vie courante, il y avait un gouffre, comme deux mondes totalement séparés. Je ne savais pas que c’était tout l’inverse dans le Judaïsme.

    Aussi, puisqu’il s’intéressait à moi « qui n’étais pas juive », c’est que ça n’avait pas d’importance pour lui, non ? Mais, bien sûr, ça en avait.

    Quand j’arrivais à échapper à l’emprise de jp, je n’étais plus qu’une enfant sauvage, agissant à l’instinct, sentiment exacerbé par les années passées à Goa. J’avais besoin de temps pour revenir à la raison. Mais les évènements se précipitaient, allant trop vite pour moi.

    Face au Judaïsme, ce fut le clash. Et cet homme qui avait été attentif, prévenant, attentionné, qui me faisait croire que la promesse de Goa, celle de l’amour, se réalisait, cet homme se transforma en être distant et froid. Et là, je m’effondrais. N’y avait-il donc aucun soutien à attendre de personne ? J’avais tout perdu et par dessus tout, j’avais perdu l’espoir d’une vie plus juste qui m’avait jusque là motivée. J’avais tout perdu, j’étais dévastée, j’aurais dû mourir mais j’étais encore vivante. Alors, il fallait tout reprendre du début, il fallait, malgré ce sentiment de désespoir, se remettre à la tâche, se remettre à vivre. Et les années ont passé, j’ai pris beaucoup de chemins qui ne m’ont menée nulle part et à chaque fois, il me fallait me remettre en question.

    Cet homme, qui avait été un élément charnière dans ma vie, avait disparu de la scène. Et moi qui n’avais jamais été obsessionnelle, je me prenais à être obsédée par son souvenir. Je tentais de le repousser dans mes pensées, il revenait en rêve. Je me demandais pourquoi, et qui il était après tout pour moi, et je rêvais qu’on me disait de regarder derrière moi et je le voyais, tout sourire, comme m’encourageant à avancer.

    Mais où que je regarde, dans la vie réelle, je ne le voyais pas. Et j’ai voulu tirer un grand trait. Et j’ai rencontré Daniel. Daniel Benkovic, juif de père. Et cela, je l’ai appris alors que nous venions de divorcer, 20 ans plus tard. « Si tu ne viens pas au Judaïsme, le Judaïsme viendra à toi », était-ce ça ?

    Après notre séparation, la pensée de B., cet homme juif, revint à la surface et se fit si pressante que j’en étais à envisager d’aller voir une psy. Et alors qu’un jour de Pâque, je le cherchais sans y croire sur internet, je suis enfin tombée sur lui.

    Bon, cette fois-là non plus, ça n’a pas marché du tout entre lui et moi. Une fois de plus, je n’ai rien dit de mes origines juives. Quand on me demandait si j’étais juive, je disais que non. Tout simplement parce que je ne savais pas ce que ça voulait dire qu’être juive et je sentais qu’il y avait là une profondeur que je ne possédais pas.

    Cependant, une de ses relations, Ann, me prit en amitié et nous commençâmes à correspondre. C’était en 2011. Et peu à peu, je me suis mise à changer. Elle a été et reste une amie formidable.

    En 2018, je rencontrai Suzanne, qui me demanda d’être photographe à son mariage. Elle me dit « ne t’inquiètes pas, le rabbin est un rabbin libéral », ce à quoi, les yeux écarquillés, je répondis à nouveau que je n’étais pas juive. Elle insista pourtant pour que je vienne et je crois que c’est à ce moment-là que j’ai parlé de mes origines. Et elle : « mais alors, tu es juive ! ». C’est à cette occasion que je rencontrai le Rabbin Haddad, qui unit religieusement mes deux amis.

    Un an plus tard environ, je sonnais à la porte de la synagogue, rue Copernic.

    Alors que j’attendais pour qu’on m’ouvre, un homme passa, me regarda et cracha un « juive ! » virulent. Voilà, j’étais tout de suite dans le bain… Ça m’a fait sourire et en moi-même, j’ai dit « pas encore, mais bientôt, j’espère », ha ha.

    Cependant, j’habitais Arras et ma pauvreté m’empêchait d’aller à Paris toutes les semaines. Le Rabbin m’envoyait les cours en pdf mais je manquais quand même une grande partie de l’enseignement. Un jour, j’ai voulu y assister même si je n’en avais pas vraiment les moyens et j’ai pris le train. Celui du retour, pour une fois, ne s’arrêtait pas à Arras et je me suis retrouvée à Lille à 23:30, avec comme option l’hôtel ou le taxi. J’ai choisi le taxi, je voulais rentrer chez moi. Je racontais mes malheurs au chauffeur, un monsieur musulman, et il me réconforta, me disant qu’il y avait une raison à tout. Je suis rentrée chez moi et j’ai décidé de ne plus tenter de forcer le destin.

    Quelques mois plus tard, le Covid nous forçait au confinement, les cours se passèrent alors par Zoom, et je pus les suivre dans leur intégralité. Je passai devant le Bet Din et m’immergeait ensuite dans le mikvé en compagnie du rabbin Pauline Bebe. Enfin, quelques mois plus tard, je faisais ma montée à la Torah en présence du rabbin Haddad. Et lors de ce parcours, je me suis peu à peu sentie devenir juive. J’ai continué, bien sûr, en lisant, en réfléchissant, en échangeant avec le rabbin et, peu à peu, je me suis sentie devenir… Moi. En août dernier, je suis retournée à la synagogue, c’est mon petit pèlerinage à moi. Je me suis promise d’y aller tous les ans à la même époque.

  • 20230127- Mysticisme en Inde

    Et ainsi, un jour, je suis partie en Inde.

    Maintenant, ce que je vais décrire ici est uniquement du ressenti, des instants qui m’ont fortement marquée sans que j’aie particulièrement conscience de leur importance sur le moment. Juste des instants que je n’ai pu oublier et qui, les uns ajustés aux autres, forment une trame qui m’a semblée cohérente, après des années d’analyse.

    Après 3 semaines passées à Goa, le temps de se remettre du décalage horaire, de décompresser du mode de vie européen et de se mettre au rythme de vie goanais, nous sommes partis en expédition, direction le sud de l’Inde, en moto.

    Je me souviens du départ, de cette route sinueuse qui traversait une immensité boisée, de cette pluie de fin de mousson qui nous avait trempés en un instant et de cette chanson idiote qui ne m’a plus quittée de tout le voyage « l’orage a fait tomber sur moi toute la pluie du ciel » (Stone et Charden, je crois ?)

    Direction Hubli, puis Bangalore, Ooty, Mysore…

    Je me souviens d’un petit hôtel, le seul que nous ayons pu trouver ce soir-là, douche et toilettes communes, draps reprisés et la visite d’un cafard gros comme mon pouce, doté d’un restaurant qui ne servait que le thali… et le patron qui, à la fermeture, nous invite à rentrer les motos dans le restaurant afin qu’elles soient à l’abri.

    Un hôtel où nous avons la surprise de trouver au matin nos motos nettoyées et rutilantes. Il faut dire qu’elles en avaient bien besoin !

    Patrick, le frère de JP, avait décidé de prendre un raccourci. Très vite, la route s’était transformée en chemin de terre passablement détrempé par la queue de mousson. Et, bien sûr, le soir tombe. Je finis par caler dans une flaque et je m’aperçois que la pédale de kick a fini sa carrière quelquepart derrière moi. Après de nombreuses tentatives, on finit, avec JP et son passager qui faisaient office de moto-balai, par la redémarrer. Les deux motos de tête ne nous ont pas attendus, mais bon, tout va bien, on va en voir le bout, de ce chemin… Après tout, on avait évité un char à buffles non éclairé, on avait dérapé souvent mais sans tomber, sûrement, c’était bon, là, non ? Et bien non. Deux gros phares qui arrivent en face. Quoi ? Un bus sur ce chemin bordé de rizières en contrebas ? Il n’y a pas la place pour tous les deux. Je sais que le bus ne s’arrêtera pas. Je n’y vois rien, mon phare éclaire mal, je dois me jeter sur le côté avec la moto, sans savoir si je ne vais pas tomber dans une rizière. A Dieu va. Il y a une petite sente, assez pour les pneus de la moto, je croise le bus, je reviens sur le chemin, je suis passée, derrière, JP a suivi. Mon cœur a chanté la vie jusqu’à l’arrivée à l’hôtel. Et donc, le lendemain, nos motos, qui faisaient tache dans la jolie cour pimpante de l’hôtel, avaient été nettoyées.

    Et puis, Mysore, la capitale de la soie. Ce soir là, nous nous permettrons une nuit au Lalit Mahal Palace, l’ancien palais d’été des Maharadjas de Mysore, transformé en hôtel, à quelques kilomètres de la ville.

    Dans cette même direction se trouve Chamundi Hill.

    Il est dit qu’une déesse occupe le somment de cette colline, une déesse si puissante que l’Hindouisme fut contraint de l’intégrer dans son panthéon. Cela, je l’ai lu bien plus tard, comme j’ai lu, encore plus tard, qu’il était habituel, dans les temps anciens, de vénérer des dieux ou des déesses qui résidaient au sommet de collines. Je ne pouvais donc croire en quelquechose que j’ignorais.

    JP décida d’aller visiter le temple à son sommet le soir même.

    Je me souviens de ce plaisir que j’éprouvais, la douceur de la nuit après une journée chaude, les effluves de la terre, la majesté des plantes qui bordaient la route grimpant jusqu’au temple et même le ronronnement puissant et rassurant de la Royal Enfield de JP… n’avoir pas assez de ses cinq sens pour tout absorber. Et puis… la joie d’avoir échappé au moule que l’on veut nous imposer. J’étais libre, sillonnant les routes du sud de l’Inde, en accord avec moi-même. Je me sentais vivante, oh si vivante !

    Je sais comment j’étais à l’époque et je ne me préoccupais pas de pensées dérangeantes.

    Aussi, celle qui s’insinua en moi me prit par surprise. Qu’est qui manquait à mon bonheur ? Quoi ? Comment ? Mais, n’étais-je pas parfaitement heureuse, à ce moment-là, à cet endroit-là ? Mais mon cœur soupira. Si seulement j’étais avec quelqu’un que je pouvais aimer… alors oui, j’aurais connu le Nirvâna à ce moment-là. JP était bien trop infantile pour être celui-là. Le moment passa. Nous arrivâmes au temple, un prêtre était devant l’entrée, « semblant nous attendre » remarqua JP, qui, d’une façon biaisée, était un mystique. Bien sûr, qu’il nous attendait, avec le bruit de la moto sur cette petite route déserte à cette heure, on nous entendait arriver de loin. Voilà, moi, ce que je pensais, je crois que dans le mysticisme comme dans tout, il faut savoir rester rationnel, non ?

    Voilà, rien de plus, à part cette forte impression qu’il y avait eu en moi une pensée extérieure à moi.

    Le périple se poursuivit, retour par la côte jusqu’à Goa. Et la vie continua. Et les années passèrent.

    Je menais une vie très sage à Goa, de par la jalousie maladive de JP. Mais finalement, cela me convenait. J’aimais me lever tôt, prendre la moto pour aller chercher le petit déjeuner, admirer le soleil se lever sur les rizières et la brume s’étirer paresseusement avant de disparaître sous ses rayons. Les buffles que l’on conduisait aux champs, les charrettes, les écolières en uniforme, et le sugar cane juice agrémenté de lime et de gingembre que je buvais à la petite cahute du coin, parce que « c’est bon pour la santé ».

    Et tout cela baignait dans la lumière dorée du petit matin.

    Quelques années plus tard donc, la saison est bien avancée, Goa commence à se vider. JP part avant moi, je l’accompagne à Bombay (oui, c’est encore Bombay à l’époque) puis je rentre par l’avion de l’après-midi. Enfin libre ! Je file directement à la plage. Quand j’y arrive, j’ai un choc, elle est totalement vide. Où est passé tout le monde ? Même si c’est la fin de la saison, il y a encore habituellement une cinquantaine de personnes sur cette plage. Non, il n’y a qu’un homme, assis face à la mer. A bien y réfléchir, toute la scène a un côté biblique. Je m’installe un peu en retrait. Une femme passe, vendant des fruits. Il lui achète un ananas, se tourna alors pour regarder autour de lui et, me voyant, m’invite à le partager avec lui. Nous passerons les 10 jours qu’il me reste à Goa ensemble. Il est prévenant, attentif, un brin romantique. Alors qu’un soir, en rentrant à l’hôtel nous longeons un terrain en friche, nous passons près d’un banyan, l’arbre « magique », il me regarde et me dit « nous n’oublierons jamais cet instant ». Je n’ai, du coup, jamais oublié. Comme c’était bon d’être bien traitée.

    Et un matin, alors que je rentrais en mobylette là où je logeais normalement, toute joyeuse, toute heureuse, la vie offrait de si bons moments… j’ai soudain eu une drôle de sensation, comme de passer à travers une membrane vibratoire. C’est la meilleure façon que j’ai trouvée de décrire ce que j’ai ressenti. Et j’ai eu l’impression d’ouvrir les yeux sur un paysage plus lumineux, plus coloré, plus vibrant de vie. Et à partir de là et pendant un certain temps, tout ce qui posait problème dans ma vie de tous les jours semblait trouver sa solution sans que j’aie à intervenir. C’était incroyable, époustouflant… très déstabilisant. Je ne savais pas et je ne comprenais pas. Je pouvais juste observer et essayer de donner un sens à tout ça.

    Bref, arriva ce qui devait arriver à quelqu’un qui n’est pas préparé, ce fut la chute.

    Depuis, je remonte, étape par étape, espérant retrouver un jour en moi le plaisir de Vivre. Oui, je vais de mieux en mieux.

  • 20230111- Pourquoi je n'ai pas eu d'enfant

    On me demande parfois pourquoi je n’ai pas eu d’enfant.

    Les années 70, adolescente aux idées sociales bien aiguisées par l’après Mai 68, où l’on parlait de surpopulation, j’ai décidé que je n’aurais pas d’enfant. L’envie d’être mère était, à l’époque, bien éloignée de moi. Après 7 ans d’internat dans un lycée, je ne me voyais vraiment pas me mettre la bride au cou intentionnellement. Mon envie de liberté dominait tout.

    Et puis, je considérais que pour faire un enfant, il faut déjà faire un couple solide. D’avoir vu ma mère partir, mon père pleurer, leur divorce, je m’étais dit « pas par moi ».

    Puis j’ai rencontré jp (j’arrête d’écrire « l’homme dont j’étais la compagne », jp, c’est plus court). Un aventurier qui faisait les marchés l’été et voyageait l’hiver. Parfait. Pas d’histoire de mariage, pas d’histoire d’enfant. La Grande Vadrouille.

    Je me souviens d’une anecdote. Nous louions une caravane à Wimereux. C’était un vendredi 13 août. Je faisais le marché du Portel. Le temps était pourri, d’énormes rafales de vent, une pluie méchante, j’étais en anorak, debout sur le pied de parasol pour qu’il ne s’envole pas. Retour à la caravane vers midi, jp est là, il me dit « on se casse, on part en Auvergne » (d’où il était originaire). Et ni une ni deux, les affaires dans la voiture, les clefs de la caravane dans la boite aux lettres du proprio et hop, on prend la route de Clermont-Ferrand… Ha bon, on peut faire ça ?... Et nous voici en Auvergne, et il fait beau et chaud et l’Auvergne est magnifique. Quel bonheur, il a vraiment eu raison ! Et ainsi nous avons vécu, louant parfois un appartement ici, une maison là, vivant chez sa mère, chez des amis, et partant l’hiver au soleil.

    Je n’avais pas compris son instabilité et, au fil des années, les choses ont dégénéré. Même si je ne connaissais rien des pervers narcissiques (on n’en parlait pas, à l’époque), je savais une chose, je n’aurais certainement pas d’enfant avec lui ; comme il le suggéra au bout d’un certain temps.

     A Goa, où nous allions l’hiver, j’ai croisé un homme et je sais que là, j’ai « raté le coche ». La peur a dominé. Peur de perdre tout contrôle face à l’attirance brûlante que nous éprouvions l’un pour l’autre ; la peur aussi de ce que jp aurait pu faire pour se venger, et il était plein d’imagination à ce sujet. Je n’ai jamais sauté le pas.

    Et l’Inde était bien trop loin de mes parents.

    Voilà.

    C’est quand j’ai rencontré B. que j’ai enfin réussi à m’arracher de l’emprise de jp. J’étais en piteux état psychologiquement mais mon horloge biologique avait sonné. Je voulais un enfant.  B. était gentil, attentionné et il semblait qu’il serait un père parfait, il émanait de lui une chaleur paternelle quand il s’adressait à de plus jeunes qui me le faisait penser. Il m’apprit plus tard qu’il avait déjà 5 enfants. L’histoire a ensuite rapidement dégénéré - à nouveau - et cette fois, je me suis retrouvée plongée dans un état de sidération qui m’a empêchée de réagir. Déjà minée psychologiquement, j’ai sombré. Et j’ai mis des années à m’en remettre.

    Quand j’ai rencontré Daniel, j’étais encore très mal. Nous sortions beaucoup, buvions beaucoup… J’étais, certes, encore en âge mais certainement pas en état d’avoir un enfant. Nous étions, de plus, en emploi précaire tous les deux. Pour moi, il était hors de question d’avoir des enfants et de ne pouvoir leur offrir ce qui m’avait manqué, à moi. Les cours à l’extérieur du lycée, de danse, d’escrime ou de musique ou que sais-je, auxquels assistaient plusieurs internes que leurs parents venaient chercher pour les y conduire. Rien de ça, pour moi, mes parents habitaient trop loin et n’étaient pas assez aisés financièrement.

    Puis la question ne s’est plus posée. Aujourd’hui, je vis seule.

    Comment je me sens par rapport à ça ? Pas trop mal, ça va. Certes, ça n’a pas toujours été le cas, je me souviens que je ne pouvais pas m’approcher d’un bébé, à une époque, sans qu’il se mette à pleurer tant mon désir refoulé de maternité était puissant.

    Maintenant, des bébés me sourient, m’envoient des bisous, des petits me prennent la main en toute confiance. C’est une très grande émotion, à chaque fois.

    Alors, tout va bien.

  • 20221214 - EMI - La suite dans les idées

    Je ne suis pas une érudite. Je me suis intéressée à beaucoup de sujets mais je n’ai jamais approfondi vraiment. Quand j’ai poussé mes recherches dans des domaines qui m’intéressaient plus que d’autres, je me suis retrouvée, dans mes lectures, face à trop de mots dont le sens m’échappait sans cesse, et je me lassais de consulter le dictionnaire. Mes idées, je les ai forgées à la connaissance de ce que j’ai vu, vécu et lu. Elles valent au moins autant que d’autres.

    D’aussi loin que je me souvienne, j’ai voulu savoir comment ça marche, la vie. Je me dis qu’il y a, « dans tout ça », une logique que l’on ne perçoit pas forcément.

    Quand je parle d’un monde cruel, je ne parle pas uniquement du monde humain. La première des cruautés étant celle de découvrir très vite qu’on est mortel. En théorie et dans une vie classique, le corps vieillit puis, un jour, cède. Et nous en sommes conscients, toujours, on a beau lutter, on sait qu’un jour, on ne sera plus là. Et, pour moi, ce n’est pas logique.

    D’une, on nous donne la vie pour nous la reprendre ? A quoi ça rime ? Certes, nous faisons des expériences, nous réalisons des choses, nous apportons aux progrès de l’humanité, etc. et tout cela nous forge une identité, mais où va-t-elle ensuite ? N’est-elle plus qu’un souvenir dans la mémoire de quelques humains, qui s’éteindra avec eux ? La personnalité s’est-elle éteinte, ou a-t-elle enrichi – ou appauvri - l’âme ? (Encore faut-il croire en ces choses là, sinon, on se cantonne à une vie sans grande imagination en ce qui concerne notre devenir.)

    Dans une de mes lectures (et j’ai cherché, je n’ai, jusqu’à présent,  rien retrouvé sur le sujet), on parlait d’une croyance qui attribuerait à ce monde le septième stade d’évolution des êtres vivants (sur un total de douze, je crois ?). Bon, je ne suis plus sûre des nombres, mais ce n’est pas important, c’est le concept que j’ai trouvé intéressant. Ça m’a parlé. Il est évident que ce monde est loin d’être parfait. Non seulement, à la fin, on meurt (parfois avant l’heure), mais il faut aussi subir les catastrophes naturelles, les accidents, les maladies, parfois un handicap, etc. et je ne parle que de ce qui peut atteindre le physique. On peut bien faire ce qu’on veut, une chose est sûre, et oui, « à la fin, on meurt » quand même. Cependant, je crois en la réincarnation. Pour une raison toute simple, on ne peut pas tout faire en une vie, et surtout, tout faire bien. Vie de famille, vie de couple, vie de parent, vie professionnelle, vie sociale, vie personnelle, et même vie spirituelle… Donc, oui, je crois qu’il y a quelque chose en nous qui ne meurt pas. Et ce quelque chose a besoin de nos vies pour se développer. Et ce que nous faisons de nos vies, comment nous nous comportons, face aux diverses situations que nous vivrons au cours de celle-ci, situations joyeuses et situations douloureuses, influence ce développement. Et s’il évolue bien, si on permet à ce quelque chose de s’épanouir harmonieusement, alors, certainement, ce quelque chose atteint le huitième stade d’évolution. Non ? Ça me paraît tout ce qu’il y a de plus logique. Parce que… on ne peut pas rester comme ça. Si ? Aussi, si ce monde apparaît cruel à première vue, il l’est peut-être moins que l’on croit.

    J’ai eu, très jeune, à faire face à un handicap. Les premières années ont été difficiles et je pleurais beaucoup. Et puis, je ne sais pas, un jour, je me suis dit que je n’étais qu’au début de ma vie et que je n’allais pas pleurer sur moi-même pour le reste de celle-ci. Plus tard, avec ces idées que je viens de développer, je me suis dit que, certainement, je devais faire l’expérience du handicap mais, aussi pesant que soit tout handicap, le mien est léger comparé à d’autres. C’est ainsi que j’ai fait la paix avec cet épisode de ma vie. Si à rien d’autre, ça a au moins servi à ça.

    Mais ce monde malgré tout est attractif et je crois qu’il est tout aussi important d’en jouir. Car jouir de ce monde, c’est être reconnaissant qu’il nous ait été donné, et ce, malgré son imperfection. Pour moi, c’est m’émerveiller des beautés de notre planète, m’occuper de la maison en ma possession et pouvoir la « rendre », embellie, améliorée, à la communauté quand je partirai. J’y cultive le jardin et j’ai beaucoup de plaisir à voir les légumes pousser (le développement d’une petite graine en plante est pour moi un émerveillement toujours recommencé), les fleurs s’épanouir, les oiseaux se régaler de cerises (le cerisier est très généreux et nous y trouvons tous notre compte) et les insectes butiner la lavande. Moins, j’avoue, quand les escargots font un festin des courgettes (Alors, j’ai pris une boite à chaussures, j’y ai mis tous ceux que je trouvais et je les ai emmenés se perdre dans la nature, ainsi, je peux, à nouveau, profiter du fruit de mon travail).

    Et mes relations dans tout ça ? J’en ai peu aujourd’hui, mais celles que j’ai, ou que j’ai eues, c’est du costaud et j’en suis particulièrement heureuse. Des relations comme ça, j’en suis persuadée, ne se perdent pas.

    Est-ce que mes idées ont un sens, je pense que oui, détiennent-elles une part de vérité, je n’en sais absolument rien mais ce que je sais, c’est que ces idées m’ont apaisée et que je me sens sereine, dans ma vie comme face à la mort. Et c’est bien là le principal, non ?

  • 20221204-expérience de Mort Imminente

    Hier soir, je me suis endormie devant la télé, comme d’habitude. Lorsque je me suis réveillée, tout doucement, un peu plus tard, j’entendais des personnes parler d’un sujet qui m’a complètement réveillée, l’expérience de mort imminente. Accident de voiture, arrêt cardiaque, etc. Pour moi, ça avait été une overdose à l’âge de 17 ans.

    Je me suis retrouvée flottant devant un rideau de brume. Je ne voyais pas, mais je ressentais la présence d’êtres pleins d’amour et de joie et cet amour et cette joie étaient pour moi. C’était comme retrouver une famille depuis longtemps perdue et qui n’avait pas cessé de nous aimer. L’expression rentrer chez soi prenait tout son sens. Puis l’inconscience, puis le retour dans mon corps. Et alors que, pleine d’amour (il se peut que cette sensation ait été exacerbée par la drogue), j’ouvrais les yeux, je trouvais face à moi trois visages aux têtes d’enterrement, ceux des personnes présentes lors de mon overdose et je me suis dit « que ce monde est froid ». Dans le reportage, une femme disait à quel point elle avait ressenti que ce monde manquait d’amour.

    Ce que je n’avais jamais compris, c’est à quel point cette expérience a influencé ma vie.

    D’abord, j’ai accepté ce que m’apportait la vie sans laisser parler mes préjugés et mes discriminations. J’ai vécu des aventures éblouissantes et j’ai vécu des aventures glauques, j’ai rencontré des gens merveilleux et d’autres pleins de noirceur. Et j’ai donné. Donné comme je savais, comme j’avais appris. Donner comme une maman qui protège son petit quand j’étais la compagne de cet homme plein d’amertume et de rancœur, donner comme une amante se donne à l’homme qu’elle aime, même si ce n’était jamais le même, donner comme une amie qui soutient l’autre dans la peine, et, plus tard, donner comme une fille aimante qui, finalement, revient auprès de ses parents pour les accompagner dans les dernières années de leur vie…

    Un jour, j’ai ressenti en moi une compassion que je n’avais encore jamais connue.

    En cherchant à comprendre, bien plus tard, mes pas m’ont finalement conduite vers la Kabbale et l’arbre séphirotique. J’y ai trouvé des réponses.

    Ce chemin m’avait pourtant fait perdre beaucoup de ma discipline intérieure. Peu à peu, elle avait cédé du terrain, excusant sans cesse les mauvais comportements de « ce n’est pas sa faute »… La seule rigueur qui me restait avait sans doute été de rentrer en France quand tout m’invitait à rester en Inde, par amour et devoir envers mes parents.

    Je savais que ce ne serait pas simple de retrouver une discipline de vie. Je ne savais pas à quel point. De laisser-aller que j’étais devenue envers moi-même, je devins rigoriste. Les « c’est bien fait pour moi » étaient quotidiens. Tout était ma faute.

    Je devais rétablir l’équilibre.

    Dans l’émission dont je parlais, un homme disait son désintérêt total pour le monde matériel dans lequel nous vivons et, quoi que n’étant absolument pas suicidaire, il avait hâte de rejoindre l’endroit qu’il avait vu lors de son expérience. Pour ma part, ayant vécu cette expérience très jeune, je n’ai jamais pu m’y adapter. Je n’ai juste pas la même logique de vie. On m’a souvent traitée de « bien gentille », de folle… On m’a condamnée de ne pas voir la réalité « telle qu’elle est »… Mais pour moi, la vie se doit d’être faite d’expériences multiples et variées qui apportent un enseignement quand, à un moment, on s’arrête pour regarder derrière soi. Ensuite, on reprend sa vie avec sagesse et intelligence. Et c’est ainsi que je vois la mienne. sdv

    Certes oui, dans les moments de grande détresse, de grande solitude, d’horreur face aux informations, ce monde matériel, je l’ai honni. Combien de fois, en fermant mes rideaux, le soir, j’ai pensé « adieu, monde cruel », je vais dormir et n’en aurai plus conscience.

    Pourtant, il y a des choses que ce monde matériel nous offre. La joie, le plaisir, des instants de bonheur, où l’âme semble s’élever. Il a suffi qu’un petit bonhomme de deux ans glisse sa main dans la mienne en toute confiance, qu’il vienne parfois me faire un câlin, sans que je lui demande ni que je lui ordonne, pour que je sente l’arbre de vie en moi faire éclore ses premiers bourgeons. L’hiver est passé.

  • L'ange

    Je devais avoir 6 ou 7 ans. Tous les dimanches, une famille de cultivateurs habitant plus loin sur la route passait devant chez nous pour aller à la messe et m’attendait pour m’y emmener. Mes parents ne mettaient pas les pieds à l’église aussi se faisaient-ils un devoir d’assurer mon éducation religieuse. J’aimais assez bien la messe en latin, ça donnait une impression d’incantation magique, mais la plupart du temps, je m’ennuyais sec et alors, je me perdais dans l’admiration des vitraux représentant les 14 stations du chemin de croix (si mes souvenirs sont exacts) dans de si belles couleurs lumineuses.

    Pour la période de Noël, la crèche était installée et, au lieu qu’un enfant de chœur passe dans les rangs pour la quête, nous défilions devant celle-ci pour y déposer notre obole. C’était mon premier Noël dans l’église d’Aix-Noulette, je me suis levée et j’ai suivi le mouvement. J’étais juste derrière une dame imposante dans un manteau bleu et je ne voyais que ce manteau. Quand mon tour arriva, je ne savais pas quoi faire de ma pièce et la dame derrière moi m’a indiqué la statue d’un ange portant un sac installée sur le côté et me dit de la mettre dans le sac, ce que je fis. Et là, l’improbable. L’ange me remercia d’un signe de tête !!! Le choc me repoussa en arrière et je tombais assise sur un banc. Et alors que je tentais d’assimiler ce que je venais de voir, j’observais la file de gens qui continuait à avancer, aveugle à ce qui venait de se passer. Et, n’étant pas très sûre de ce que je venais de voir, je finis par reprendre place dans la file.

    J’avais hâte d’en parler avec ma grand-mère et, rentrée à la maison, je lui dis « Mémé, je crois que j’ai vu un miracle ». Je n’étais pas trop sûre. Bien sûr, j’en avais entendu parler, mais comme quelquechose dont on parle sans l’avoir jamais vu, alors pourquoi là, maintenant, devant moi ? Ma grand-mère, avec un petit sourire, me dit « ah bon ? Raconte ! » et je lui dis ce que j’ai vu. Ma grand-mère se met à rire et m’explique alors les automates et nous en rions ensemble. Ah ouf ! Ce n’est que ça…

    Il n’empêche que l’après-midi, je suis retournée à l’église avec ma tirelire et, à chaque fois que l’ange me disait merci, j’étais toujours aussi émue.

    Depuis, j’essaie d’être à la hauteur, toujours, du merci de cet ange.

  • Quand je me suis mise à créer mes meubles

    Donc oui, cette maison représente beaucoup pour moi. Elle est la somme du travail de mes parents. Mon grand-père a travaillé pour nous offrir une meilleure qualité de vie et mon père a travaillé pour nous garder à l’abri, sa mère et moi. Aussi est-ce pour cela que j’ai mis tant de temps à accepter la donation que mon père me proposait. Tant que je ne me sentais pas à la hauteur de la tâche,  j’ai regimbé face à la responsabilité que cela impliquait. Je suis aujourd’hui la dépositaire de leur somme de travail.

    Pendant que les costauds s’occupaient des gros travaux, j’ai réfléchi à l’aménagement. Dans l’appartement que j’occupais avant, je dormais encore sur un matelas posé sur des palettes et la plupart des meubles ne valait pas grand-chose. J’avais bien visité quelques magasins de meubles mais les seuls que j’avais aimés étaient de la gamme Roche-Bobois… Hors d’atteinte. « Qu’à cela ne tienne, je les ferai moi-même » se dit-elle alors…

    Le mari d’une amie de lycée, me voyant admirative devant les meubles qu’il avait faits lui-même, me proposa de me faire le meuble sous l’évier. En effet, je voulais une hauteur de plonge supérieure à celle qui est la norme partout et qui nous voit toujours penchée sur la tâche. Je peux, depuis, faire ma vaisselle sans mal de dos. (Car oui, je fais toujours ma vaisselle à la main et c’est certainement une bonne façon d’économiser l’eau.)

    Ainsi, grâce à ce modèle, je me suis lancée. Bien sûr, les meubles sont faits de tasseaux, d’équerres et de lambris, je n’ai pas la prétention de faire des meubles dans la « noblesse de l’art ».

    Première tentative, un meuble à chaussures digne de ce nom, où on peut mettre toutes ses chaussures. Après bien des suées, des « crapahutages » dans le ventre du meuble-modèle pour en comprendre le squelette, j’y arrive. (Bon, sur la photo, il a 20 ans, quand même !)

    2022 meuble chaussure

     

    2022 meuble audio

    Bien, alors, deuxième tentative, le meuble stéréo. Là, on parle du salon, il y faut de la créativité. Je n’aime pas les angles droits sur les meubles, on s’y accroche souvent et ça fait mal, alors, ils seront coupés à 45°. Pour le meuble stéréo c’est un peu une obligation, les

    Mais j’ai surtout envie d’une belle bibliothèque et je la veux avec un brin d’exotisme… J’ai mis deux ans pour la réaliser. (Il est vrai que je n’avais pas que ça à faire.) Ce que j’ai pu me faire charrier par Daniel et ses copains ! Ils me voyaient partie dans une entreprise au delà de mes capacités. Quand elle fut – enfin – finie, ils m’ont félicitée. Je n’étais pas peu fière !!! La partie la plus motivante, et en même temps la plus pénible fut la réalisation des portes pleines. Exotiques mais pas chères… L’inspiration ne vient pas, jusqu’au jour où, du coin de l’œil, je repère un rouleau de canisses de jardin non utilisé. Ma cervelle ronronne à nouveau. Je coupe les canisses, je les ponce devant pour enlever le vernis, derrière pour les aplatir, je les vernis de différentes teintes, je les colle sur une planche aux dimensions de la première porte, je les encadre. Je pose la porte et je m’extasie. Si si ! C’est exactement ce que je voulais. J’y ai mis du temps, sur cette porte, et mes doigts se souviennent de la période « ponçage », mais ça en valait le coup. Puis, je compte. Il m’en reste une, deux… cinq à faire ? Ô misère.

    J’ai mis du temps (d’où les 2 ans pour la faire) mais j’y suis parvenue.

    Je voulais des portes vitrées dans la partie supérieure. Des portes vitrées jolies et… pas chères. Bien sûr.

    Et alors que je réfléchissais à la meilleure façon de les réaliser, j’ai pensé à des cadres-photo. Et j’ai créé les différentes parties du haut à partir de la hauteur de ces cadres.

    Oui, elle tient toujours et je la trouve toujours aussi belle.

    2022 bibliothe que

    colonnes de CD étant beaucoup moins profondes que la vieille stéréo de mon père. Croquis, mesures, colonnes de CD en bois achetées en discount. Trois tiroirs au dessus pour les cassettes audio. Bon, c’est vrai, je n’ai jamais pris le temps de mettre des poignées aux tiroirs et je galère pour les ouvrir…